Publié le 29/05/2024
Près d’un tiers des défibrillateurs cardiaques installés dans les gares, les entreprises, les mairies et même dans la rue, sont hors service. Entre 2021 et 2023, 6 021 défibrillateurs automatisés externes (DAE) ont été inspectés par l’entreprise Matecir Defibril.
Or, selon des projections, près d’un tiers des 500 000 défibrillateurs installés en France sont hors service, sur la base de l’audit de maintenance de cette société auquel Franceinfo a eu accès et du recensement des appareils dans la base de données nationale, Géo’DAE où doivent être recensés les défibrillateurs.
En cause notamment : si les établissements qui reçoivent du public sont obligés d’en installer un, souvent, ils ne savent pas qu’ils doivent aussi s’assurer qu’ils fonctionnent correctement. Il faut ainsi régulièrement changer les piles de la batterie et les électrodes. L’implantation des défibrillateurs sur l’ensemble du territoire est une action engagée par les pouvoirs publics depuis 2007, dans le cadre de la lutte contre la mort subite.
Yves Gilles est ainsi un miraculé. Cet homme de 55 ans, maire d’une petite commune du Pas-de-Calais, jouait au football l’an dernier quand il s’est effondré, victime d’un arrêt cardiaque. Des médecins présents sur le terrain ont tenté de le réanimer. « Ils sont en train de masser et puis là, ils installent le défibrillateur. Au moment fatidique de choquer, l’appareil indique qu’il y a un défaut de batterie. Donc, il ne fonctionne pas…« , raconte-t-il . A chaque minute qui passe, Gilles perd 10 % de chance de s’en sortir. Heureusement, quelqu’un a fini par trouver un autre défibrillateur, en état de marche cette fois. « Oui, je suis un vrai miraculé grâce à ce défibrillateur qui, lui, a fonctionné. Je suis en vie aujourd’hui, je peux vous parler. Le premier système a eu un défaut de maintenance, un simple problème matériel qui aurait pu me coûter la vie« , souffle-t-il.
Une association réclame une loi
À noter, par ailleurs, que près de 60% des défibrillateurs inspectés par Matecir Defibril présentent « une anomalie pouvant entraîner un dysfonctionnement », indique l’Arlod, association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs. Elle réclame une loi pour obliger les exploitants à assurer le bon fonctionnement des défibrillateurs à l’image de ce qui se fait pour les extincteurs.
Selon le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, chaque année entre 40 000 et 50 000 personnes sont victimes d’une mort subite faute d’avoir bénéficié de l’aide d’une personne qui aurait pu leur sauver la vie en pratiquant les gestes de premiers secours en utilisant un défibrillateur le temps que les équipes de secours interviennent. « Le taux de survie des arrêts cardiaques est très bas en France, il est de l’ordre de 7 ou 8%, avant les défibrillateurs, il était de 2%, donc ça prouve bien qu’il y a un intérêt », insiste pour sa part le président de l’association pour le recensement et la localisation des défibrillateurs, Bruno Thomas-Lamotte.