Cancer de la prostate : le dépistage est primordial et ne passe pas forcément par un toucher rectal

25/11/2023

Le sujet est encore tabou chez certains hommes, mais détecter précocement le cancer de la
prostate est primordial afin de bien le soigner.
SANTÉ – « Les hommes sont réticents à se faire dépister car c’est un sujet tabou. » Cette
pathologie mortelle exclusivement masculine est le cancer le plus fréquent chez les hommes –
59 800 cas en 2018 selon Santé Publique France.
Il touche la prostate, une glande sexuelle située sous la vessie. Mais il peut être guéri s’il est
repéré précocement. « Lorsqu’il y a des métastases, on pourra prolonger la vie mais sans
possibilité de guérison. On souhaite le détecter pendant la fenêtre de curabilité afin de le
surveiller de manière vigilante ou de le traiter, voire de l’opérer ».
les différentes marches à suivre afin de dépister cette maladie qui apparaît après l’âge de
40 ans.

Un dépistage possible dès 40 ans
Contrairement à certains cancers, il n’y a pas de recommandation de dépistage généralisée. «
l’association française d’urologie conseille à tous les hommes de faire un premier dépistage
dès 50 ans, quels que soient leurs antécédents ».
Ce dépistage peut se faire dès l’âge de 40 ans, si vous présentez des facteurs de risques, qui
sont : des précédents de cancers de la prostate, du sein ou des ovaires dans la famille, ou des
origines antillaises ou africaines (des populations parmi lesquelles l’incidence de la maladie
est plus élevée et les formes de cancers plus agressives). Vous pouvez même vous faire
dépister seulement « si vous êtes inquiet », où « si vous présentez des problèmes urinaires ou
des antécédents d’infection urinaire ».
Il ne faut en revanche pas attendre de ressentir certains symptômes urinaires pour se faire
dépister. Pourquoi ? Quand il est encore à un stade précoce, le cancer de la prostate ne
présente aucuns symptômes. « C’est pour cela qu’on milite pour une détection précoce et
pour que tous les hommes soient sensibilisés, afin qu’ils décident eux-mêmes individuellement
de se faire dépister. »

Pas forcément de toucher rectal
Il y a plusieurs étapes dans le dépistage du cancer de la prostate. La première consiste à se
rendre chez le médecin généraliste. Il effectue une prise de sang afin d’évaluer le dosage du
PSA (Antigène Spécifique de la Prostate, une protéine naturellement produite par cet organe).

Le test n’est pas suspect s’il est inférieur à trois nanogrammes par millilitre (ng/ml). Vous
devrez néanmoins le refaire régulièrement, tous les deux à cinq ans selon le résultat.
Si le taux de PSA est supérieur à 3-4 ng/ml, une deuxième mesure doit ensuite se faire,
souvent accompagnée d’une consultation. Il réalise alors un toucher rectal afin de détecter une
potentielle tumeur et d’estimer le volume de la prostate. Le taux de PSA doit ainsi être
comparé au volume prostatique : le PSA attendu (le taux de base) peut varier en fonction du
volume de la prostate.
Si le toucher rectal est suspect, ou si le taux de PSA est trop élevé, une IRM est prescrite. Elle
permettra de confirmer s’il y a « un aspect de tumeur prostatique ». « Mais le cancer peut
passer sous les radars du PSA. Il peut même être présent même si l’IRM est normale ».
C’est pour cela qu’une biopsie (le prélèvement d’un petit morceau de tissu afin de le faire
analyser) peut être prescrite dans certains cas – si vous présentez des facteurs risques, par
exemple. En revanche, il n’y a aucun moyen de repérer soi-même une anomalie au niveau de
la prostate. Contrairement au cancer du sein, qui peut se remarquer grâce à une autopalpation.

Encore un tabou
Quid de l’après ? Lorsqu’une tumeur cancéreuse est détectée, elle n’est pas forcément à
opérer. « C’est une maladie indolente (qui est inactive et qui évolue et se propage lentement,
selon la Fondation contre le Cancer, ndlr) quand elle est détectée précocement ».
« On peut vivre avec ce cancer. On fait de la surveillance active en refaisant le PSA six mois
après et l’IRM un an après », rassure-t-il. « Dans un tiers à la moitié des cas, dans les cinq à
dix ans, le cancer peut progresser en étant surveillé, sans devenir métastatique. »
En cas de progression, le cancer pourra à ce moment-là nécessiter un traitement par
irradiation ou une opération. Mais « les patients qui sont traités au bout de dix ans ont ainsi
gagné des années de tranquillité sur le plan sexuel ».
Car les traitements peuvent entraîner des répercussions sur la sexualité, une dysfonction
érectile ou de l’incontinence. Ces conséquences alimentent le tabou autour du cancer de la
prostate. Pourtant, les traitements par irradiation ou les opérations « de plus en plus robot-
assistées » n’entraînent « quasiment plus d’incontinence permanente ».
Autre raison à la réticence de certains hommes à se faire dépister : le toucher rectal. Dressons
un parallèle : « Les femmes font des examens gynécologiques très tôt et ce n’est pas forcément
agréable. Il faut que les hommes se prennent en main et aillent se faire dépister après
40/45 ans. » À bon entendeur.

 

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